Septembre 1897
N° 94
Séance du 2 Septembre 1897
À l'occasion de la fête du Sultan, le 31 Août, les bachi-bouzouks de Candie ont exécuté des feux de joie sur les remparts, du côté de la rade, mais avec des cartouches à balle, à défaut de cartouches à blanc. Le cuirassé « Sardegna » a reçu un certain nombre de projectiles. Le Commandant de ce navire a invité le Gouverneur à faire cesser ces dangereuses réjouissances et informé qu'il allait y répondre si on n'y mettait bon ordre.
Le Gouverneur a répondu faisant des excuses, mais il n'en reste pas moins démontré que l'armement de ces irréguliers est dangereux à un nouveau point de vue, et l'occasion paraît bonne pour inviter, une fois de plus, le Gouverneur Général à procéder au désarmement des bachi-bouzouks, désarmement si désirable pour la pacification.
L'Amiral Canevaro écrira dans ce sens au Gouverneur Ismaïl Bey au nom de ses collègues.
Les Amiraux, considérant que le moment, laissé à leur appréciation, est venu de lever le blocus de l’île, décident l'envoi, à leurs Gouvernements, de la dépêche identique suivante :
Les raisons qui ont motivé le maintien du blocus ont cessé. Il n'y a pas à craindre que des volontaires arrivent du continent puisque ceux qui étaient en Crète sont partis.
D'autre part, le retrait des troupes grecques ayant laissé les Chrétiens libres de faire connaître leurs intentions, ils sont prêts à accepter l'autonomie à la condition que les troupes turques quittent l’île.
En conséquence les Amiraux estiment que le moment est venu de lever le blocus et demandent à leurs Gouvernements de vouloir bien notifier aux Puissances que le blocus de l'île sera levé à partir du 10 Septembre.
Par suite, il est convenu que, la présence des navires n'étant plus obligatoire sur tous les points, chaque Amiral pourra, dès à présent, confier le commandement militaire de la zone dont il est chargé soit à un officier de Marine, soit à un officier de l'Armée de Terre, et non plus exclusivement à un officier de Marine, comme cela résultait du procès-verbal du 16 Février.
À bord du « Sicilia », à La Sude, le 2 Septembre 1897
Le Contre-Amiral de la Grande-Bretagne signé : R. Harris
Le Contre-Amiral russe signé : P. Andreeff
Le Contre-Amiral français signé : Ed. Pottier
Le Contre-Amiral austro-hongrois signé : Hinke
Le Vice-Amiral italien signé : N. Canevaro

Les Amiraux arrivent sur le Sicilia
N° 95
Séance du 14 Septembre 1897
Les conditions dans lesquelles vivent les Musulmans dans les villes protégées n'ayant pas changé, le délai de deux mois accordé dans la séance des Amiraux du 11 Juillet au lieu de prendre fin le 11 Septembre, comme il avait été décidé dans cette séance, devra être porté à une date ultérieure qu’il ne convient pas de déterminer pour le moment.
Il a été donné connaissance au Conseil de la lettre écrite par l'Amiral austro-hongrois à Ismaïl Bey, Gouverneur de Crète, au sujet de la relâche à La Canée d'un bateau turc qui avait des soldats à bord.
À bord du « Alexandre II », La Sude, le 14 Septembre 1897
Le Commandant Supérieur français signé : Donin de Rosière
Le Commandant Supérieur italien signé : A. Carnevali
Le Contre-Amiral de la Grande-Bretagne signé : R. Harris
Le Contre-Amiral russe signé : P. Andreeff
Le Contre-Amiral austro-hongrois signé : Hinke
N° 96
Séance du 17 Septembre 189
7L'Amiral austro-hongrois fait la lecture d'une lettre de Monsieur le Capitaine de vaisseau Amoretti au sujet de l'introduction dans la ville de La Canée, par les insurgés, de charbon de bois fabriqué avec les oliviers coupés dans les propriétés des Musulmans ; le fait est aussi prouvé par le rapport des officiers envoyés dans l'intérieur de l’île.
Le Conseil décide de n'autoriser la vente du charbon de bois pour les insurgés dans les villes protégées, seulement s'il est établi qu'il n'a pas été fabriqué avec du bois d'olivier.
Il est donné lecture d’une lettre de l'agent de la compagnie des phares de l'Empire ottoman, dans laquelle il est dit qu'il est prêt à installer des gardiens dans le phare de Drepano.
Il est décidé que dimanche matin, si le temps le permet, un torpilleur russe transportera l'agent et les gardiens au phare et en ramènera le détachement français qui s'y trouve actuellement.
Le Commandant Amoretti a reçu une lettre du Gouverneur de la Crète Ismaïl Bey pour qu'il en donne connaissance aux Amiraux.
Cette lettre est une protestation contre l'installation de la Commission militaire de police internationale.
Le conseil a décidé de s'en référer, pour la réponse à faire, aux considérants de l'ordonnance des Amiraux, en date du 31 Août dernier, pour la constitution de la Commission, puisque ces considérants répondent aux réflexions sur lesquelles s'appuie la lettre du Gouverneur.
Au sujet de la lettre N° 95 d'Ismaïl Bey aux Amiraux demandant d'appliquer à la Gendarmerie turque de Candie et de Rethymno, et aux mêmes conditions, les mesures prises pour la Gendarmerie de La Canée, le Conseil décide qu'il ne peut donner suite à cette demande, attendu que les conditions de l'occupation de ces villes ne sont pas les mêmes.
À bord du « Revenge », à La Sude, le 17 Septembre 1897
Le Commandant Supérieur français signé : Donin de Rosière
Le Commandant Supérieur italien signé : A. Carnevali
Le Contre-Amiral de la Grande-Bretagne signé : R. Harris
Le Contre-Amiral russe signé : P. Andreeff
Le Contre-Amiral austro-hongrois signé : Hinke
N° 97
Séances du 20 et du 23 Septembre 1897
À la suite du meurtre d'un Musulman à Soubachi, le Commandant Amoretti a pris certaines dispositions pour empêcher le retour de faits semblables.
Lecture est donnée de ces dispositions devant le Conseil qui les approuve.
À bord du « Alexandre II », à La Sude, le 20 Septembre 1897
La sécurité n'étant pas assurée dans les environs de La Sude, ainsi que l'ont prouvé les meurtres commis à Chicalaria dans la nuit du 17 au 18 Septembre, le Conseil des Amiraux décide d'étendre à La Sude et ses dépendances, et sous les ordres du Commandant Amoretti, le service et les règlements de police adoptés pour La Canée.
Pour le service, cet officier supérieur sera assisté, si besoin est, par le Colonel austro-hongrois, Commandant militaire à La Sude qui lui fournira le concours de ses troupes.
Monsieur le Commandant Amoretti est chargé de porter à la connaissance de Monsieur le Gouverneur de la Crète la présente décision.
À bord du croiseur « Wien », à La Sude, le 23 Septembre 1897

Le Wien
Le Commandant Supérieur français signé : Donin de Rosière
Le Commandant Supérieur italien signé : L. Reynandi
Le Commandant Supérieur de la Grande-Bretagne signé : Harry Grenfell
Le Contre-Amiral russe signé : P. Andreeff
Le Contre-Amiral austro-hongrois signé : Hinke